Portrait #1 : L'hostilité du froid, jusqu'au trou et la madeleine de Proust

Dimanche 10 juin 2019

Share on facebook
Share on linkedin
Share on email
Share on whatsapp

Cher portrait,

Je vous propose qu’on évoque vos habits un par un, qu’on les décortique, les déshabille pour mieux comprendre votre manière de consommer. Si on prend votre pull par exemple ?

C’est un pull en laine classique, là il est gris. J’en ai des bleus, j’en ai des rouges, peu importe.

C’est vous qui l’avez acheté ?

Non. C’est ma maman. Cela arrive qu’elle m’en achète. Personnellement, j’achète mes habits tous les 6 mois, tous les 1 ans. J’amène mes habits jusqu’au bout.

Vous usez plutôt jusqu’à la corde ?

Jusqu’au trou ! Il m’arrive régulièrement d’avoir des trous, tellement mes habits sont vieux ! Du coup, je les fais raccommoder. C’est un système qui me va bien, car ça m’évite d’en acheter. Je trouve ça idiot d’acheter des habits. Pour moi, c’est utilitaire et non pas un plaisir.

Et ce pull, il a une marque ?

Je crois que c’est Burton. J’achète parfois chez eux. Sinon, les pulls, j’en achète aussi chez ArmorLux. Je privilégie plutôt la qualité pour les garder longtemps. Ce ne sont pas des pulls peu chers mais ils durent longtemps. J’avais un pull ArmorLux qui avait des trous que j’ai fait réparer. Il avait quinze ans.

Et si l’on passe à votre jean ?

C’est un jean tout bête, bleu, classique. Il n’a pas de marque. En fait, je ne suis pas du tout marque. Comme c’est utilitaire pour moi, il n’y a pas de raison qu’il y ait de marque.

Je le fais avec ArmorLux, non pas parce que c’est la marque mais parce que c’est résistant. A la limite, je peux adhérer à une marque si c’est quelque chose de résistant, ou qui a un but. Par exemple, si j’ai besoin d’un pull très chaud, là, je suis prêt à acheter une marque. C’est une qualité intrinsèque.

Que diriez-vous de vos chaussettes ?

Il y a des cafards dessus. Des cafards jaunes. Je les ai prises car c’était la première paire de la pile.

Vous misez sur le hasard,  l’aspect aléatoire des choses ?

Dans ma vie personnelle, oui. Sinon, je porte des chaussettes noires, pour le travail. Avec des motifs assez discrets. Avant, j’avais plus de chaussettes rigolotes, durant mes études. Maintenant, comme je ne fais pas trop gaffe le matin, je ne peux pas me permettre de mettre des chaussettes avec des cafards au travail !

Que portez-vous au travail ?

Je travaille dans un domaine très costume / cravate.  Forcément, le côté restrictif de ma garde-robe influence le côté à la cool dans ma vie personnelle.

Que portez-vous en dessous de votre pull ?

Un maillot de corps. J’en porte quasiment tout le temps. Je suis un(e) frileux(se). C’est purement utilitaire. Je porte des maillots de corps 100% coton. Je les achète en supermarché. Plutôt qualitatifs, ce ne sont pas les premiers prix. Quand ils sont un peu vieux, je les fais bouillir. Et après, c’est reparti.

Portez-vous des bijoux ?

Pas du tout. Cela n’a pas d’intérêt pour moi. Je trouve que les bijoux c’est être retenu par quelque chose. Ce n’est pas dans ma philosophie d’exposer mes valeurs pécuniaires. Cela me gêne, par exemple, d’avoir une montre au poignet. Et je ne fais pas trop gaffe à l’heure en général. Donc, ce n’est pas très grave.

Vous ne parlez pas beaucoup de l’aspect bio ou slow fashion. Où en êtes-vous de votre réflexion ?

Je n’en suis pas du tout-là. Je pense qu’aujourd’hui tu peux être bio, sans être vraiment bio. Les pays qui produisent du coton, ce ne sont pas des pays qui contrôlent à mort le bio, tu as toutes les chances de te faire arnaquer.

Je pense que si tu veux des habits qui se tiennent, il faut des procédés industriels et tant mieux s’il y a en plus de matières plus naturelles. Il vaut mieux pour moi, garder longtemps un truc standard, que d’acheter des vêtements bio qui vont s’user plus vite car ils ne sont pas traités.

A la limite, je serais plus sensible, sur la manière dont les vêtements sont produits. Pour moi il faut bien produire. Le bio, je n’y crois pas, en tout cas, aujourd’hui.

Pouvez-vous me raconter la dernière fois où vous êtes allé(e) dans un magasin de vêtements ?

Il faut que je réfléchisse ! J’avais besoin d’une chemise blanche, j’ai pris ma taille, je l’ai essayée, elle m’allait, je l’ai achetée. Voilà. C’était chez Mayfer, une petite boutique indépendante de costumes et de chemises. Bon rapport qualité / prix, avec une matière qui tient bien. Des chemises bien coupées. Dans ma vie professionnelle, j’aime être bien habillé(e). J’ai un métier de communication et de vente, ce qui fait que, inconsciemment, 95% des gens réfléchissent comme ça.

Avec moi ça va vite, il n’y a jamais d’aller-retour, le ça me plaît, ça me plaît pas, ça n’existe pas chez moi.

Que recherchez-vous dans une boutique ?

De trouver le produit que je cherche ! Je ne regarde jamais sur Internet, cela ne m’intéresse pas. Je vais dans la boutique, j’essaye. Pour acheter sur Internet, il faudrait que j’aie une marque affiliée, ce qui n’est pas le cas.

Mais je suis peut-être de la vieille école, j’aime essayer. Alors, tu me diras, je pourrais faire le système envoyer / renvoyer, mais aller dans une boutique ça me fatigue et le fait de renvoyer un colis ça me fatigue aussi. Je préfère ne pas perdre du temps dans tout ça. Donc je vais au plus simple.

Je vais dans le magasin, ça me plaît, j’achète. Je ne veux pas dire que je ne regarde pas le prix mais presque. Ce n’est pas mon sujet. Il faut que cela soit raisonnable. La vente parfaite c’est quand ça me plaît, ça me va, et que je suis sorti au plus vite du magasin.

Si on devait passer aux sous-vêtements, que pourriez-vous m’en dire ?

Je ne porte exclusivement que des caleçons, car je suis serré dans les boxers ! Là aussi, je les amène jusqu’à la fin. Jusqu’au moment où ils ont des trous. Pour les caleçons, j’ai tendance à aller souvent chez Monoprix. Monoprix, c’est plutôt des bons habits. C’est basique, un bon rapport qualité / prix. C’est exactement ce qu’il faut pour une clientèle comme moi.

Et pour dormir, que mettez vous ?

Des pyjamas. J’aime ça, c’est ma madeleine de Proust. J’aimais bien les pyjamas quand j’étais petit(e) et j’aime toujours les pyjamas aujourd’hui.

Ils ressemblent à quoi vos pyjamas ?

A rien. J’ai beaucoup de pyjamas Damart parce que j’aime avoir chaud. Ils ne ressemblent à rien, mais ils sont super solides. Ils sont moches d’un bleu / vert affreux. Mais pour moi, un pyjama, ce n’est pas pour te pavaner, c’est juste pour dormir et avoir chaud.

Pour l’été, j’ai des T-shirts de nuit, ce sont les vieux T-shirts du rebus. Je tiens à préciser qu’ils n’ont pas de trous.

 

Mais globalement pour moi, les trois quarts de l’année, le froid est une hostilité pour moi, et quand il fait chaud je suis bien.

Envie de partager ce portrait ?

Share on facebook
Share on linkedin
Share on email
Share on whatsapp

Abonnez-vous à notre newsletter

Pour recevoir les portraits directement sur votre boîte mail 🙂

Découvrir d’autres portraits

Portrait #2 : La poésie du tailleur pantalon, l’art subtil du benchmark et l’éthique du vestiaire
Portrait #3 : Le caractère du beige, le naturel français et le confort de la féminité
Portrait #4 : Toutes les couleurs de l’uniforme, le confort de l’adolescence et la féminité des Dr. Martens
Portrait #5 : Le plaisir perdu de la mode, les petites boutiques près de chez soi et l’espérance de la matière